Interview de François Gremaud, metteur en scène joyeux

le metteur en scène François Gremaud, dans le cadre d'un spectacle prévu à Nuithonie, Espace Mont-Blanc, Lausanne
Septembre sera le mois de François Gremaud, au Théâtre Jean Vilar de Suresnes. Découvrez le regard que porte le metteur en scène sur son processus de création, centré sur la joie, et les formes théâtrales qu’il construit, dans deux de ses spectacles : Carmen (22 septembre à 20h30) et Giselle (24 septembre à 16h).

La joie, dites-vous, est le moteur principal de votre processus de création. Pourtant, vous vous attaquez souvent à des héroïnes à la dimension tragique. Comment expliquez-vous
cet apparent paradoxe ?

La vision que j’ai de la joie vient du philosophe Clément Rosset, qui la définit comme la force majeure, la seule susceptible de contenir tout le tragique du monde. Pour moi, la joie n’est pas la négation du malheur, au contraire, c’est une manière d’y résister. Ma trilogie consacrée aux figures féminines de Carmen, Phèdre et Giselle, est une application de cette philosophie. Mon ambition est de raconter le tragique de ces histoires, tout en proposant une expérience joyeuse, précisément pour résister au tragique du monde. Mes spectacles sont souvent drôles, je ne sais pas faire autrement ! J’utilise l’humour, là encore, comme une forme de résistance. Pour ne pas sombrer dans le désespoir, malgré tout ce qui me désespère quand j’ouvre les journaux…

Vous vous êtes imposé comme le héraut de la conférence-spectacle. Qu’est-ce qui vous séduit dans cette forme théâtrale ?

Mes spectacles sont avant tout… des spectacles ! Mais, en effet, mes héroïnes se proposent à la fois d’incarner des personnages et de raconter ce qu’il y a autour des pièces, de donner du contexte, des explications historiques… Ce que j’aime surtout dans cette forme, c’est le contrat passé avec le public : la conférencière (ou le conférencier) peut embrasser n’importe quel rôle, sans avoir recours à aucun truc ou artifice, il lui suffit d’énoncer qui il va jouer pour embarquer le spectateur. Elle peut incarner 30 personnes en étant seule sur scène, accompagnée uniquement par des musiciennes. C’est une performance assez incroyable !

Que vous inspire la figure de Jean Vilar, fondateur du théâtre de Suresnes et promoteur passionné d’un théâtre populaire ?

Jean Vilar est une figure importante pour moi. Je me réclame – modestement – de son héritage : celui de promouvoir un théâtre qui s’adresse à toutes et tous, de réconcilier tous les publics, jeunes et moins jeunes, amateurs de classique et de contemporain, de théâtre, d’opéra, de danse… Cette idée du théâtre pensé comme un service public, cette volonté de faire des propositions qui résonnent pour tout le monde, sans démagogie ni facilité : voilà ce qui me plaît dans l’héritage de Jean Vilar et ce que j’essaie de transmettre.

Retrouvez l’ensemble des spectacles de septembre au théâtre de Suresnes Jean Vilar ici.

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