Worth, empereur de la Mode

Pionnier de la haute couture, père du défilé et tailleur des cours européennes, Charles Frederick Worth choisit Suresnes pour ériger sa demeure de rêve, reflet de son génie créatif.

À Suresnes, Worth a trouvé bien plus qu’un lieu de vie : un écrin d’inspiration où est née la haute couture.

Suresnes, années 1860. Sur un terrain d’environ 15 000 m², à deux pas du mont Valérien, s’élève une propriété fantasque et somptueuse, témoignant de la stature grandissante d’un couturier britannique devenu une figure majeure de la mode française : Charles Frederick Worth. Né en 1825 en Angleterre, Worth arrive à Paris à 20 ans, marqué par une enfance difficile mais résolu à
se faire une place en France. « Son père, avocat ruiné par le jeu, a abandonné sa famille. Charles
Frederick s’est retrouvé à devoir travailler dès 11 ans », raconte Chantal Trubert-Tollu, son arrière arrière-petite-fille. D’abord simple commis chez Gagelin, une maison de textile et prêt-à-porter, il gravit les échelons à force d’audace et de talent. Il invente les défilés avec modèles vivants – sa femme Marie en tête – et élève la mode au rang d’art.

En 1858, il fonde sa propre maison, à Paris. Il ne répond plus aux commandes : il propose, les
clientes disposent. La maison Worth devient le symbole du raffinement à la française, tandis que la presse le sacre « roi de la mode ».

La société mondaine à Suresnes

Worth s’offre un autre terrain d’expression : son domaine de Suresnes. « Il a commencé par acheter un petit château, puis acquis des parcelles voisines au fil des ans, raconte sa descendante. Il s’y est investi avec autant d’amour et d’âme qu’il l’a fait pour la maison de couture. » Jardins exotiques, grottes artificielles, statues, colonnes issues des ruines du palais des Tuileries, serre, théâtre privé… Le domaine, conçu comme un manifeste esthétique, devient l’un des hauts lieux de la société mondaine.

« C’est là qu’il recevait les grands de ce monde : journalistes, scientifiques, poètes… » Après sa mort en 1895, ses héritiers détruisent le château pour en faire une maison de style anglo- normand : le pavillon Balsan, qui accueille aujourd’hui le siège de la Fondation Foch. Seule subsiste une porte monumentale flanquée de deux escargots – l’un des totems du couturier – au 40, avenue Franklin-Roosevelt. La rue Worth voisine perpétue son nom. Charles Frederick repose aux côtés de son épouse au cimetière Carnot de Suresnes, ville témoin de son extraordinaire créativité.

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