Missak Manouchian : l’entrée au Panthéon d’un Français de cœur

l’Affiche rouge, février 1944. ADHS 23Fi173
Ce 21 février 2024, 80 ans après son exécution au Mont-Valérien, Missak Manouchian entre au Panthéon avec Mélinée, son épouse. C’est l’occasion de revenir sur ce destin inédit et brisé : celui d’un survivant du génocide arménien, poète, ouvrier syndicaliste et communiste qui s’est battu jusqu’au don de sa vie pour la liberté de sa patrie de cœur.

80 ans jour pour jour après son exécution, Missak Manouchian trouve sa place dans la mémoire nationale et passe le seuil du Panthéon ce mercredi 21 février, date de l’exécution, en 1944, de 22 résistants qui étaient alors considérés comme une “bande criminelle” et une “armée du crime” par la propagande nazie.

Hommage à Missak Manouchian au Mémorial du Mont-Valérien le 20 février

Jusqu’à 18h, le site du Mémorial est ouvert au public en accès libre.

À partir de 18h, sur l’esplanade, assistez à l’hommage officiel rendu à Missak Manouchian par les autorités républicaines et militaires. La cérémonie est retransmise sur écran géant pour le public.

À 19h20, la veillée institutionnelle débute sur l’esplanade.

Puis, de 21h à minuit, un hommage ouvert à tous sera rendu, dans la crypte du mémorial pour se recueillir, découvrir l’histoire du Mont-Valérien et mieux connaître l’action de ces hommes et femmes qui ont résisté, souvent au prix de leurs vies.

Le choix de la France : un destin

Missak Manouchian est confronté très tôt à la violence : à 9 ans, en 1915, il voit sa famille décimée par le génocide arménien. Orphelin, il se cache dans une famille kurde. Arrivé au Liban, à Beyrouth il apprend la menuiserie et découvre la Littérature française dans un orphelinat sous mandat français. Il entre en France en 1924, d’abord à Marseille puis Paris, et s’engage au Parti Communiste Français dix ans plus tard.

En février 1943, Missak Manouchian intègre les FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans, Main-d’œuvre immigrée) de Paris, sous la direction de Joseph Epstein, dit Colonel Gilles. Il y assure le poste de responsable militaire et remplace Boris Holban, trop critique d’une tactique jugée coûteuse en vies humaines.

A Paris, des attentats contre des nazis ou collaborateurs ont lieu presque tous les jours. La situation devient critique avec la spectaculaire mort de Julius Ritter, officier supérieur SS responsable du Travail obligatoire, le 28 septembre 1943.

S’en suit une traque fine et assidue de la part de brigade spéciale de la Préfecture de police parisienne pour rassembler et démanteler le réseau et livrer les résistants aux nazis.

Missak Manouchian est arrêté le 16 novembre 1943, en même temps que Joseph Epstein, en gare d’Evry-Petit-Bourg. Il se voit alors incarcéré avec ses compagnons dans la prison de Fresnes. “Le procès des 23” est expéditif et la sentence est radicale : condamnation à mort. Le 21 février 1944, les exécutions pleuvent sur le Mont-Valérien. Olga Bancic, seule femme du groupe, est déplacée à Stuttgart où elle sera guillotinée le 10 mai 1944.

En février 1944, les 15 000 “affiches rouges” apposées sur les murs de Paris et des grandes villes françaises marquent aussi les esprits. Propagande nazie de masse, xénophobie et antisémitisme s’y mêlent. Auront-elles l’impact souhaité ? Rétrospectivement, dans ses Mémoires, Simone de Beauvoir écrit que “malgré la grossièreté des clichés, tous les visages qu’on proposait à notre haine étaient émouvants et même beaux”. Dans Les Lettres Françaises de mars 1944, l’effet escompté ne semble pas non plus être celui de la propagande : “aucune réaction malsaine, mais de l’admiration, de la sympathie, comme s’ils étaient des nôtres”.

Dans la dernière lettre qu’il fait parvenir à Mélinée, Missak Manouchian déclare : “Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.” C’est chose faite aujourd’hui avec sa panthéonisation, celle de sa compagne et l’hommage rendu aux 23 résistants des FTP-MOI.

Exposition en plein air “Missak, Mélinée, le groupe Manouchian, les fusillés de l’affiche rouge”

En écho à l’entrée au Panthéon de Missak et Mélinée Manouchian le 21 février, l’ONACVG et le musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne se sont associés aux éditions Dupuis pour développer une exposition de 16 panneaux en lien avec l’album de bande dessinée Missak, Mélinée, le groupe Manouchian, les fusillés de l’affiche rouge de Jean-David Morvan et Thomas Tcherkézian. Les panneaux jalonnent le chemin de visite guidée du mémorial de la France combattante jusqu’à la clairière des fusillés.

Mémorial du Mont-Valérien, avenue du Professeur Léon Bernard
Entrée gratuite seulement en visite guidée
Tél. : 01 47 28 46 35, mont-valerien.fr

L’exécution

Exécution au Mont-Valérien de membres du réseau de Missak Manouchian, le 21 février 1944. Au premier plan, l’Abbé Franz Stock de dos. ©les amis de Franz Stock

 

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