Masha Waisbaum, passeuse de mémoire

Rescapée de la rafle du Vel d’Hiv, Masha Waisbaum a fêté ses 100 ans le 23 mars lors d’une grande fête à la résidence Nohée à Suresnes, en présence du maire Guillaume Boudy. L’occasion de revenir sur l’histoire de cette miraculée qui n’a de cesse de transmettre la mémoire de la Shoah.

Masha Waisbaum avait 18 ans et l’insouciance de la jeunesse quand sa vie a basculé. « L’enfer a débuté le 16 juillet 1942 quand des policiers ont frappé à notre porte. Ils me cherchaient, ma mère et moi, car nous étions toutes deux juives polonaises. Mon père, déporté un an plus tôt, ne figurait pas sur leur liste, pas plus que Joseph et Marie, mes frère et sœur, Français de naissance. Mais Joseph avait la jambe dans le plâtre et ma mère a refusé de le laisser seul à la maison… »

Quand elle franchit les portes à battants du Vélodrome d’hiver, un mot lui vient en tête : apocalypse. « Partout, des femmes, des vieillards, des enfants, des bébés… La chaleur nous étouffait, la poussière nous prenait à la gorge, le bruit de milliers de voix était assourdissant. Nous tapions des pieds pour protester tandis que les haut-parleurs nous crachaient d’arrêter… »

Courir droit devant

Au bout de six interminables jours, les blessés sont « évacués ». Devant le Vel d’Hiv, une longue file de cars forme un mur infranchissable quand, tout à coup, l’un des engins fait une manœuvre et une trouée apparaît. « J’ai vu un beau ciel bleu et, sans réfléchir, je me suis mise à courir droit devant moi », raconte-t-elle. Elle ne le sait pas encore, mais les cars partent pour Auschwitz, dont sa mère et son petit frère ne reviendront jamais.

Masha, elle, se retrouve seule et démunie dans un Paris hostile. Après avoir été hébergée par des camarades de classe, elle se décide à rentrer chez elle, là où le cauchemar a commencé, retrouve sa sœur, réussit à se faire fabriquer de faux papiers. Le danger est partout mais la vie continue. « Je prenais le métro, j’allais au cinéma avec une bande de camarades, parmi lesquels celui qui deviendrait mon mari. J’étais totalement inconsciente ! », sourit-elle, retrouvant soudain l’air espiègle de la jeune fille qu’elle était.

Après la guerre, Masha n’a eu de cesse de transmettre son histoire, à sa famille bien sûr, mais aussi dans les collèges où elle a témoigné de l’horreur avec un espoir qui tient en trois mots : plus jamais ça.

 

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