La cité-jardins, une utopie dans la ville

Dans les années 1920, Henri Sellier dote Suresnes d’une citéjardins fondée sur une idée aussi simple que novatrice : combiner les avantages de la campagne à ceux de la ville pour offrir aux habitants un cadre de vie agréable qui favorise le vivre-ensemble.

Des bâtiments tout de briques rouges, des pelouses, des jeux pour enfants, des commerces, un théâtre, des jardins partagés… La Cité-jardins de Suresnes, classée au patrimoine des Monuments historiques, a peu changé depuis sa création
il y a un siècle.

C’est à la fin du 19e que l’urbaniste anglais Ebenezer Howard théorise le concept de garden city. Il s’agit de penser la ville moderne en opposition au développementincontrôlé des cités industrielles surpeuplées, où l’hygiène est déplorable, l’air pollué et la verdure quasiment absente. Après-guerre, les premières cités-jardins françaises commencent à fleurir. La construction de celle de Suresnes débute en 1921 et regroupe 2 500 logements mais aussi de nombreux équipements culturels et sportifs.

Un luxe, et pourquoi pas ?

Son fondateur, Henri Sellier, urbaniste visionnaire et maire socialiste de la ville de 1919 à 1941, y fait installer l’électricité, le chauffage central, l’eau courante dans les appartements, des toilettes, et parfois même des douches individuelles. « Luxe ? Oui ! Pourquoi pas ? se justifie-t-il dans une interview accordée au journal L’Œuvre en 1925. Quand ces petits-là en auront pris l’habitude, ils feront le nécessaire, plus tard, pour le conserver. […] On m’accuse de faire de la démagogie. Tant pis ! » Et le maire de se prêter au jeu de la visite guidée : « – Vous voyez là le dixième de ce qui seraconstruit […]. Sur les quarante hectares qui nous restent, achetés 7 francs le mètre et qui en valent déjà de 50 à 80, nous aurons un jour 10 000 habitants : une ville […]. Il faut que les enfants, quelle que soit leur origine, aient le maximum de satisfactions. Au loin, Paris fume et bout, dans une brume. Ici, on respire. Il a fallu que je me batte pour garder vivants les arbres. Mais, aujourd’hui, ils sont debout ! »

Henri Sellier, qui deviendra ministre de la Santé sous le Front Populaire, est à l’origine de la création de dix autres cités-jardins autour de Paris. Toujours source d’inspiration, ce modèle utopiste se développera en France dans l’entre-deux-guerres avant d’être abandonné au profit des grands ensembles.

 

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