« Je fais des bébés pour les femmes qui ont du mal à en avoir. » Voilà la formule qu’affectionne Marine Poulain quand elle parle de son métier à sa fille… née il y a trois ans d’une PMA ! « Les patientes l’ignorent mais nous sommes nombreuses parmi les professionnelles à passer aussi par là », confie-t-elle.
Marine Poulain s’est tournée vers la biologie reproductive car « derrière chaque dossier, il y a une histoire différente. La PMA touche à un désir profond et intime. Les gens qui viennent nous voir ne sont pas malades mais certains sont détruits par leur parcours de fertilité ».
La jeune femme est interne à Clamart quand elle est repérée, en 2016, par le très reconnu Professeur Ayoubi, le « Monsieur fertilité » de l’hôpital Foch : « il m’a proposé de prendre les rênes du nouveau laboratoire de biologie de la reproduction du centre d’assistance médicale à la procréation, destiné à regrouper toutes les activités, du diagnostic jusqu’à l’accouchement. » Également enseignante et chercheuse, la jeune femme œuvre à améliorer les connaissances autour de ce sujet complexe et mystérieux qu’est la fertilité. « La première greffe d’utérus française réalisée par le Pr. Ayoubi et son équipe en 2019 nous a permis de monter en légitimité, ce qui est évidemment très important pour valoriser la recherche en PMA. »
Travailleuse de l’ombre
Dans son laboratoire, Marine Poulain et son équipe réalisent les manipulations qui permettront peut-être à une femme de donner la vie. Derrière ce petit miracle, un énorme travail qui demande rigueur et organisation : « le biologiste voit au moins une fois les patientes pour leur expliquer les différentes techniques utilisées mais, au quotidien, nous sommes des travailleuses de l’ombre. Il faut s’assurer du maintien de l’intégrité des gamètes et des embryons d’un bout à l’autre de la chaîne ». Une mission qui implique aussi de prendre, chaque jour, des décisions délicates : « le choix du destin des embryons pose des questions éthiques : est-ce que cet embryon est vraiment inapte à donner la vie ? À Foch, on essaie d’en écarter le moins possible ». Le moment paroxystique de son travail ? Celui où elle remet le précieux cathéter d’embryon entre les mains du médecin. La nature fait ensuite son oeuvre. « Le plus gratifiant, bien sûr, est de recevoir un mail d’une patiente qui annonce qu’elle est enceinte… ».
Bio express
- 1983 Naissance à Enghien-les-Bains
- 2016 Prend les rênes du laboratoire de biologie de la reproduction de Foch
- 2017 Commence à enseigner à l’université de Versailles Saint-Quentin
- 2021 Naissance de sa fille par PMA